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Chris Paul : plus grand que son palmarès

Une histoire s’apprête à s’achever. ESPN a confirmé samedi 22 novembre que Chris Paul mettrait un terme à sa carrière à la fin de cette saison NBA. Ainsi s’en va l’un des plus grands meneurs de jeu de l’histoire. Vingt ans passés à jouer le général sur le terrain et à incarner l’idée la plus pure du poste 1. CP3 fait partie de ces joueurs dont la carrière est unanimement respectée, mais que la sphère NBA juge incomplète, faute de titres.

Fans, observateurs, coachs, et même joueurs : tous ont laissé pénétrer la ring culture au sein des discussions au moment de juger une carrière. Certains décident d’ignorer des facteurs importants dans la réussite d’un joueur comme la qualité des effectifs affrontés, la construction de sa propre franchise, ou tout simplement, cette part de chance qui a si souvent tourné en défaveur de Chris Paul. Un joueur peut perdre pour une multitude de raisons indépendantes de son talent.

Pourquoi Chris Paul n'a jamais gagné ?

Si la bague lui a échappé, c’est avant tout à cause des blessures. Elles l’ont frappé lui ou ses coéquipiers au pire moment. 2015 : il sort d’un match 7 héroïque contre San Antonio mais joue diminué contre Houston. 2016 : fracture de la main lors du premier tour. 2018 : il aggrave sa blessure aux ischios et rate les matchs 6 et 7 de la finale de conférence contre Golden State, alors que les Rockets semblaient en mesure de faire tomber la dynastie.

À ces coups du sort s’ajoutent les contextes dans lesquels il a évolué. L’ère Lob City, d’abord : des saisons régulières pleines (57 victoires en 2012, un record de 64 en 2014), entachées par des campagnes de playoffs moyennes, et portées par un Doc Rivers (coach) peu convaincants tactiquement. Transféré aux Rockets pour former un duo d’arrières gestionnaires avec James Harden, il découvre un tout autre environnement. Une réelle philosophie de jeu est mise en place : Houston vivait et mourrait par le tir à trois points. Stratégie perdante lors du match 7 contre Golden State, où les Rockets s’effondrent à longue distance en enchaînant 27 tirs derrière l’arc, tous manqués. Son passage à Phoenix aurait pu être le bon. Aux côtés de Devin Booker et d’un collectif bien huilé par Monty Williams (coach), le « Point God » mène les Suns jusqu’aux Finales NBA, en 2021. Mais là encore, la marche est trop haute. En face, Milwaukee déjoue les Suns, porté par un Giánnis Antetokounmpo au sommet de son art.

L’histoire retiendra un joueur sans titres. La culture de la bague y verra une limite, une faille individuelle. Mais une carrière ne se limite pas à la présence ou non d’un trophée. Un titre est une photographie, un moment M de l’histoire, quand une carrière est un tout bien plus vaste, fait de contextes, de hasard, de hauts et de bas. Chris Paul n’a pas gagné, mais il a participé à façonner l’imaginaire collectif autour d’un poste à part, celui de meneur, auquel tout un chacun peut s’identifier.

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